Un mot d’Andréanne…
Je vais me rappeler de cette date toute ma vie. Le 12 mars 2020, le jour où le gouvernement a interdit les rassemblements de plus de 250 personnes au Québec. Le cœur de mon entreprise, directement touché. J’étais sur la route avec Valérie quand on a appris la nouvelle. On s’en allait faire une proposition de concept à un client… quel moment bizarre. Je me souviens de chaque détail.
L’annonce a résulté en une vague de report ou d’annulation de nos événements en cours, c’est quasiment tout le calendrier 2020 qui a été chamboulé. En quelques heures, on venait de perdre plus de 90 % des projets de la business.
La période difficile : j’étais sous le choc
Les six semaines qui ont suivi ont été très difficiles pour moi, en tant qu’entrepreneure, en tant que personne. Je sentais que j’avais perdu mes repères. Jamais je n’aurais pu être préparée à vivre une telle crise. C’est le cœur même de nos opérations que nous n’avions plus le droit de faire… et avec raison, j’en étais consciente. Mais quand on est passionnée par ce qu’on fait, qu’on y investit autant de temps et d’énergie, chaque jour, la raison ne suffit pas. C’est le sentiment d’impuissance qui prend le dessus. La vulnérabilité, aussi.
Devoir annoncer à mon équipe sa mise à pied a été déchirant. J’avais une responsabilité envers mes employées, et soudainement, je n’étais plus capable de l’assumer. J’avais l’impression d’avoir perdu tout ce que j’avais bâti au cours des huit dernières années.
J’aurais aimé être en mode « on se relève les manches », mon réflexe habituel lorsqu’un obstacle se présente. Ça aurait dû être mon rôle, c’est ce que je me répétais, j’aurais dû être en train de penser à des solutions. Mais je n’avais pas cette énergie. J’étais sous le choc. Je ne comprenais pas ce qui arrivait! Mon quotidien se résumait à reporter des événements, faire les suivis avec les clients à cet effet, essayer de gérer les finances… et tout ça avec les deux cocos à la maison. Le bateau coulait, j’étais la capitaine, et pour la première fois dans ma vie, j’étais à court de radeaux de sauvetage.
Le déclic : j’allais perdre mon équipe
Début mai, le téléphone sonne. C’est une employée qui me confirme qu’elle a trouvé un autre emploi. Je me doutais bien que je finirais par recevoir cet appel. Je ne pouvais pas m’attendre à ce que les filles restent chez elles à ne rien faire… Je savais qu’en les mettant à pied, je courais le risque d’en perdre certaines. En raccrochant, j’ai pleuré, un peu, beaucoup. J’ai réalisé à ce moment-là que si je ne faisais rien, j’allais perdre ce qui était le plus important pour moi : mon équipe. En une journée, la drive est revenue. Je devais trouver une solution. Je me suis mise à calculer, à voir comment on allait y arriver. Deux semaines plus tard, l’entreprise était admissible à la subvention salariale étant donné qu’on avait perdu une importante part de nos revenus – mention spéciale ici à nos gouvernements, sans leur aide, la suite de cet article n’aurait probablement pas pu se réaliser. J’ai rappelé les filles, et le lundi suivant, l’équipe était de retour.
Le retour : nous allions nous transformer
« Ok, qu’est-ce qu’on fait ? » Les filles me regardaient avec leurs grands yeux, ne sachant pas encore comment elles allaient remplir leurs journées. Moi, j’avais un plan : on allait travailler sur de la recherche, du développement, de la stratégie, et plusieurs dossiers admin qui demandent du temps et qu’on repousse sans cesse. En équipe, mon énergie allait beaucoup mieux! Je ne pouvais pas prédire ce qu’on allait devenir, mais une chose était sûre : on allait s’adapter pour répondre aux nouveaux besoins du marché. On est parties de la base, on a regardé ce qui se faisait ailleurs en événements virtuels et on s’est mises à analyser des tonnes de plateformes et à découvrir cet univers. Je me chargeais en même temps de rappeler des clients pour voir avec eux comment on allait transformer leurs concepts, comment on pouvait les aider à parler à leurs employés et à leurs clients, comment on pouvait utiliser les événements virtuels pour répondre à leurs objectifs de communications.
Ça a commencé par des webinaires simples. Un premier client nous a fait confiance, puis un deuxième, et on s’est vite retrouvées à en organiser plusieurs. Plus le temps avançait, plus les clients cheminaient aussi dans leur réflexion. On a repensé leurs concepts de gala et de congrès virtuels et ils ont embarqué dans l’aventure avec nous.
Ce que je disais aux clients : la vérité. Personne ne pouvait se prétendre expert en conception d’événement virtuel au printemps. Par contre, notre rigueur, notre agilité, notre accompagnement stratégique, notre volonté de réussir en équipe et de guider le client… ça, c’était toujours là. Les clients l’ont compris, ils ont choisi de poursuivre avec nous. Nous étions de retour!
La transparence a été un atout majeur avec les clients. Notre volonté de nous réinventer était grande! Et je pense honnêtement que ce message a rassuré les clients. On va y arriver ensemble!
Le chamboulement : comment procéder?
Après l’enthousiasme, ça nous prenait une méthode. Ce n’est pas si simple à faire, tout ça, dans les faits. Comment ça marche le virtuel? Qu’est-ce qui va fonctionner auprès des participants, comment on va passer les messages clairement, comment planifier le parcours du participant en ligne pour que tout soit fluide? Comment capter l’attention et l’intérêt des participants? Notre réalisation a été que tout était une question de contenu. Ce qui va se dire dans votre écran, c’est ça l’important. On expliquait ce message à nos clients depuis un moment déjà, mais ça ne passait pas toujours en mode présentiel. Maintenant, c’est un incontournable. En virtuel, il n’y a pas de grand décor, de service d’hôtellerie ou de cocktails : les participants sont chez eux, devant leur écran d’ordinateur. Que vont-ils retenir? Le message. C’est comme pour l’histoire dans un film. Les effets spéciaux peuvent bien être spectaculaires, si l’histoire n’est pas bonne, le film ne sera pas marquant.
Pour que ça fonctionne, tout le monde a dû adapter ses méthodes de travail, apprendre un « nouveau métier ». Je dois dire que l’équipe m’a grandement impressionnée à cet effet et je leur lève mon chapeau. Tout le monde a eu le goût de s’investir. J’ai découvert de nouvelles facettes à plusieurs employées : leur désir d’innover, leur côté stratégique, leurs aptitudes de rédaction et leur facilité d’adaptation dans l’univers numérique. Chacune a mis des efforts pour que ça fonctionne.
Rapidement, d’autres beaux défis sont arrivés. Comment on gère ça une équipe en télé-travail? Non seulement il fallait élaborer une toute nouvelle offre de services, mais il fallait aussi le faire à distance. Comment on s’assure de motiver l’équipe? Comment on s’assure que tout le monde va bien? Un brainstorm créatif quand on est chacune chez soi, c’est pas évident! On a vécu – et on est en plein dedans encore! – un beau storming d’équipe. Le cycle dans lequel on évoluait avant avait changé : il fallait aller se chercher des connaissances dans d’autres domaines. Clairement, je n’étais pas équipée pour faire ça toute seule. J’avais besoin qu’on s’entoure! Une de mes grandes forces a toujours été de vouloir me dépasser, apprendre, me challenger… et savoir bien m’entourer! Une amie m’a déjà dit : « Coudonc, tu as un coach pour chaque aspect de ta vie! » Ben oui! Je suis loin d’être une experte dans tout, mais je vis une quête continuelle de dépassement et d’apprentissage, alors j’ai besoin d’être conseillée.
On s’est entourées d’équipes d’experts dans le numérique, d’un consultant en stratégie événementielle, d’un réalisateur télé, d’un créateur de plateau de tournage, d’équipes de production. On a aussi eu besoin de coaching en gestion d’équipe et de workshops pour reprendre le contrôle sur ce qui nous arrivait. Une transformation difficile, mais qui est et restera pour l’avenir grandement positive. L’événementiel a changé pour toujours. Oui, il y aura de nouveau des événements en personne parce que ça fait partie de la nature humaine. Mais ils seront différents. Et un grand joueur sera au cœur de l’action : Niché.
Le renouveau : nous sommes Niché
C’est le nom qu’on a choisi pour marquer le début de cette nouvelle étape. Après autant de changements, une refonte d’identité s’imposait! On a saisi l’occasion et on s’est assises avec Cossette pour élaborer notre alignement stratégique. Le but était de faire comprendre qui nous sommes et ce que nous offrons comme service. En plus de notre nom, on a revu notre logo, notre image de marque, et on a dévoilé notre nouvelle identité en octobre dernier. Pour accentuer notre présence en ligne et marquer les esprits, on a mis en place une stratégie de contenu avec Républik.
Un de mes profs du HEC nous avait déjà dit dans un cours : « Les entreprises qui investissent massivement en marketing pendant la crise sont celles qui s’en sortent le mieux ». Je peux vous dire que ce conseil était plus facile à assimiler en théorie qu’à concrétiser. Je suis allée chercher du financement et j’ai pris le pari que ça allait fonctionner. Aujourd’hui, je suis fière de constater que tout ça porte fruit. Notre vidéo de lancement a été vue près de 35 000 fois! C’est énorme pour une agence-boutique comme la nôtre qui a accéléré sa transformation numérique en quelques mois à peine.
Le bilan : apprentissage continu et croissance
Après un printemps déstabilisant et un été sous le signe de la restructuration, l’automne a été synonyme de gestion et de livraison de projets. On a maintenant besoin de faire croître l’entreprise pour livrer ce qui nous attend pour 2021. De la chance, vous me direz? Non, du travail. Beaucoup de travail, de réflexions et de volonté d’équipe. Une vision commune aussi. Chez Niché, une même passion nous anime : le succès de nos clients. Et ce succès, ce n’est pas seulement l’atteinte des objectifs; pour nous, c’est aller au-delà des attentes, se surpasser.
La dernière année a été riche en défis et en apprentissages. C’est d’ailleurs comme ça que j’ai choisi d’intituler ce billet : ce que 2020 m’a appris. Parce que s’il y a quelque chose que l’histoire nous enseigne depuis longtemps, c’est qu’on grandit à travers l’adversité. Je l’ai vécu plus que jamais cette année, c’est vrai qu’avec tout grand bouleversement naissent de petites révolutions. J’en ressors bien plus forte et je retiens trois mots de cette expérience : transparence, teamwork, persévérance. Mes souhaits pour 2021? Qu’on continue notre apprentissage dans cet univers virtuel, qu’on continue de se dépasser, ensemble, et qu’on élève notre collaboration d’équipe à un autre niveau.
En espérant que vous serez des nôtres tout au long de cette belle aventure!
Andréanne Mathieu
Présidente